Dans la chaleur d’une forge, un apprenti et son maître.
Dans les recoins d’un château, une promesse d’or et de sang.
Dans l’obscurité d’une tour, un étrange face à face.
Pour sortir de la misère, un jeune garçon part apprendre un métier. Pour parvenir à son but, il doit convaincre celui que l’on nomme le Forgeron du diable. Mais son choix n’est pas sans risque car le forgeron a une fille, la non moins diabolique reine des serpents.
Sa force, son habilité et son courage suffiront-ils à faire face au maître de la forge ?
Le corps dans le récit et le corps en jeu
Quand j’ai commencé à conter, je ne savais pas trop quoi faire de mon corps raide et empoté. Petit à petit, j’ai appris à connaître ses faiblesses et ses forces afin d’en faire mon allié, mon premier partenaire de jeu.
Pour conter ce récit où la forge est l’élément central, j’ai choisi de m’accompagner d’un tissu très léger avec lequel je peux jouer sur la transparence et la fluidité. Ce voile est comme un instrument de musique qui accompagne ma parole, parfois la remplace ou la souligne. Il crée des images, fait respirer, met de la distance et de la légèreté là où l’histoire s’assombrit.
« Le corps est le point zéro du monde, là où les chemins et les espaces viennent se croiser. » Michel Foucault
Le temps du récit et le temps de l’apprentissage
Dans notre société où tout s’accélère, où l’on veut tout savoir faire, tout de suite, « Pieds d’or » nous parle du temps juste de l’apprentissage ainsi que de la patience et de la persévérance dont il faut se munir.
Parfois il faut du temps et de la patience pour prendre en charge un récit. Surtout un conte initiatique comme celui de « Pieds d’or », recueilli par Jean-François Bladé au début du XX° siècle. Tout commence en octobre 2013, lors d’un atelier au long court avec Michel Hindenoch. Après quelques années de travail auprès de ce maître de la parole, de tentatives seule ou en duo, j’ai laissé le récit faire son œuvre en souterrain. Il fallait que le récit chemine en moi et que je continue à explorer la parole contée par le biais d’autres expériences.
En juin 2022 « Pieds d’or » resurgi de manière inattendue lors d’un stage avec Claire Heggen et Florence Desnouveaux à la Maison du Conte. J’ai eu un immense plaisir à le retrouver. Mais le temps n’était pas encore venu, il m’a fallu le laisser en jachère pendant un an. Enfin, en septembre 2023, j’ai su comment je souhaitais le faire entendre.
10 ans après l’avoir mis dans le feu de la forge, travaillé sur l’enclume, mis à tremper, remis à chauffer, battu, frappé de nouveau, « Pieds d’or » est prêt à prendre son envol, libre de toutes entraves.
« Celui qui trouve sans chercher est celui qui a longtemps chercher sans trouver » Gaston Bachelard