Nous nous étions levés aux aurores ce matin-là, la semaine avait été rude, les dieux n’étaient pas avec nous, on le savait, on le sentait. Il allait falloir redoubler d’attention.
Lors de la précédente traversée, la foudre était tombée sur notre frêle esquif. Après quelques jours de cabotage le long des côtes, le vent était tombé, « Pétole », comme on dit chez les marins.
On s’attendait à tout, et surtout au pire.
En silence nous sommes descendus à quai, nous nous sommes séparés en 2 équipes pour chercher le matériel adéquat. Nous nous sommes retrouvés à l’heure dite et sans mot dire, nous avons reconstruit, renforcé le navire. L’ouvrage allait bon train, nous ne ménagions pas notre tâche, nous donnant du coeur à l’ouvrage les uns, les autres. A 14h50, quand le capitaine a annoncé qu’on levait l’ancre nous nous sommes rassemblés pour une dernière invocation à Zeus, Hadès et Poseidon, les dieux majeurs. Tout l’équipage est remonté à bord, nous avons largué les amarres et notre embarcation a repris vaille que vaille la mer turquoise aux multiples dangers.
Notre instinct nous a fait entreprendre une navigation en sens inverse, afin de ne pas alerter les dieux et de déjouer tout piège.
L’île des Lotophages nous a fait face en premier, nous berçant de ses douceurs sucrées, Charybde et Scylla nous a bien secoués, nous faisant glisser sur l’île d’Eole. Soufflés sur l’île du Cyclope, nous avons perdu quelques compagnons. Sur leur atoll, les Lestrygons nous attendaient, leur apparence nous répugnait. Le chant des sirènes nous a tenté, mais prévenus, les bouchons d’oreille nous ont permis de ramer jusqu’à l’île de cette sorcière qu’on appelle Circé.
La traversée avait été mouvementée. On ne prend pas la mer comme on prend le soleil, le corps alangui, les doigts de pied en éventail. Celle-ci nous avait donné du baume au coeur et de l’énergie pour poursuivre notre chemin, jusqu’aux prochaines turbulences. Chaque aventure à terre nous nourri, nous construit un peu plus et chaque mercredi, jusqu’au 30 avril, nous rassemblons nos forces… A demain, moussaillons !
Olivia
Encore un coup et vire et, encore un coup et vire et
Encore une coup et vire et vire encore un coup !
Encore une coup et vire et vire encore un coup !
C’est pas l’moment, pas l’moment d’être sous
C’est pas l’moment pas l’moment d’avoir les bras mous
C’est pas l’moment pas l’moment d’plier les genoux et vire encore un coup !
Après la traversée |