Vendredi 6 avril : rencontre avec la 6ème 3.

Nathalie

C’est la dernière séance avec une classe. 
Je suis tendue et fatiguée par cette semaine très intense, mais j’ai choisi de leur présenter à eux aussi « Jean-Sans-Peur » en entier ; sauf la toute fin, bien entendu.

Il faut que je continue d’essayer le conte, un peu comme un vêtement : sera-t-il trop court ? Trop long ? Trop sage ? Quel est son souffle ? Sa couleur ? …

Croquis de la 6ème 3 par Coline.

                                 

Les élèves sont à l’écoute. Le début est trop rapide, trop court.
Puis vient la scène avec les pendus : ils se souviennent, s’amusent, anticipent parfois sur les dialogues.
Viennent les trois nuits dans le château : ils découvrent l’enchevêtrement des démons avec mon propre corps qui est aussi celui de Jean. Qui est qui ?
La partie de cache-cache amuse, même si le diable les approche peut-être d’un peu trop près…
Enfin, nous essayons ensemble la dernière nuit… Je ne peux travailler cette séquence interactive qu’avec un public. Ils sont bons joueurs et me permettent d’aller un peu plus loin dans ma réflexion sur cette scène.
Après la séance, je ne peux que constater qu’il me manque l’axe du conte, sa colonne vertébrale,  ce qui le fera tenir debout : le caractère de Jean et ce qui l’anime. J’ai l’habit mais je n’ai pas le squelette…
Je tourne autour, je cherche, j’essaie, j’abandonne pour revenir encore au même endroit mais par un autre chemin. Je finirai bien par trouver Jean

Jeudi 5 avril : Rencontre avec la 6ème 1.


Nathalie

Pour cette séance, j’ai souhaité leur raconter « Jean-Sans-Peur » en entier (sauf la toute fin). Cela me permettait d’avoir une idée de la durée du conte et de voir si tout s’enchaînait de manière fluide et cohérente.

J’ai choisi de resserrer le début afin d’aller dans le vif du sujet, à la grande déception des élèves. Le « killer darling » avait frappé.
Le caractère de Jean a également changé : ce n’est plus un naïf rusé, mais un fier-à-bras… Mon cœur balance entre ces deux Jean-là. Indécision.

L’arbre aux pendus est désormais en adresse directe au public : ça fonctionne.

Dans le château, la première nuit avec les démons commence à bien prendre vie. La deuxième nuit se structure, mais le bon timing est encore à trouver.
Quant à la troisième… Elle est encore en friche.

                   

Christophe

Déjà la dernière séance avant le spectacle au mois de mai prochain !
Cette fois-ci, Nathalie nous livre en avant-première et en entier son « Jean Sans peur« .
Encore une fois, Nathalie est époustouflante de vivacité !
S’engage ensuite un dialogue avec les collégiens, le professeur et moi : comment avons-nous perçu la prestation ? Le nouveau début du conte ? Les différentes parties sont-elles bien agencées ?
Au vu de nos remarques, Nathalie va devoir s’adapter, changer ! Mais c’est cela qui est intéressant.
D’ici le 10 mai, surprend nous encore, Nathalie !

Mardi 3 avril : Troisième rencontre avec la 6ème 6 à la bibliothèque George Sand

Odile
Nous sommes tous impatients de découvrir la deuxième partie du spectacle et nous nous installons, chacun dans son rôle : les yeux et les oreilles grands ouverts, papier, crayon, appareil photo… 
 
Nathalie nous annonce qu’elle avait travaillé tard hier soir sur les dernières scènes, elle nous offre donc une version presque improvisée, sans filet ! 

Après la présentation les commentaires fusent, les suggestions abondent, les enfants ont tellement d’idées que j’ai du mal à tout noter.

Nathalie repart avec sa brassée d’ingrédients pour les prochaines rencontres et on lui fait confiance, elle cuisine bien Nathalie !
Pendant ce temps là, Coline a fait quelques photos et quelques croquis, l’air de rien…





Coline (article complété par mes croquis)

Ce mardi, Nathalie allait présenter pour la première fois, devant la classe de 6ème 6, les trois nuits que Jean passe dans le château. Elle se sentait un peu perdue et pensait que la séance serait plus courte que d’habitude.

Ce ne fut pas le cas. La séance fut très riche et les élèves ont été réactifs. Ils ont beaucoup participé, ont exercé leur sens critique et ont proposé un bon nombre d’idées, dont certaines très intéressantes, que Nathalie reprendra peut-être.

En définitive, cette rencontre s’est très bien déroulée et tout le monde en est ressorti enthousiaste. J’ai hâte de voir la présentation officielle du spectacle !

Rencontre du jeudi 15 mars

Anne-Sophie
Depuis le mois de janvier, J’ai accompagné les trois rencontres avec la classe de CM1-CM2 de l’école Passy, trois séances dans lesquelles je n’ai cessé d’admirer les chorégraphies de Nathalie. 
Sobrement vêtue d’un T-shirt noir et d’un pantalon bouffant noir ou rouge sombre, un chignon lâche sur la nuque et quelques cheveux épars sur le front, Nathalie conte et danse.
Gracile et gracieuse, elle évolue sur la scène à petits pas, glisse, virevolte, fait un grand saut, rebondit plus légère qu’un papillon, puis magicienne, fait apparaître des objets dans ses mains…comme par enchantement.

Et enchantés, nous le sommes tous ! Si les remarques, toujours constructives, fusent, chacun est ravi : rires aux larmes, larges sourires, regards ébahis, silence attentif ; les scènes avec les masques ont bien évidemment récolté tous les suffrages !
On attend tous la suite avec impatience !

Jeudi 8 mars : deuxième rencontre avec la 6ème 1

Coline
Le matin, Nathalie a présenté « Jean-Sans-Peur » à une classe de 6ème du collège des Hauts-Grillets.
Cette séance était importante, car Nathalie présentait un nouveau début de conte. Ce n’était pas évident : le commencement de l’histoire avait tendance à être trop long et il a fallu faire un minutieux travail d’élagage.
Nathalie a dû également abandonner une scène du conte qu’elle appréciait, mais qui alourdissait l’histoire. C’est ce qu’on appelle le « killer darling » : on abandonne des choses que l’on aime, mais ceci au profit du projet.
Et en effet, avec cet abandon et ce début plus court, l’histoire gagne en rythme, en fluidité. On accroche plus facilement au conte. La scène des pendus est de mieux en mieux maîtrisée.
Je vois que Nathalie s’engage sur un très bon chemin, que l’histoire évolue dans le bon sens. Le projet se peaufine et s’affine, les gestuelles et les dialogues deviennent plus précis et plus complets. On commence à voir toute l’ampleur du spectacle à venir.
 
Christophe
Les élèves ont donné leurs impressions sur les différentes versions qu’ils ont lu du conte « Jean Sans Peur » en autre celles d’Italo Calvino et des frères Grimm. 
Nathalie donne de sa personne tout au long de la séance, notamment lors de l’épisode des pendus. 
Le conte évolue au gré des séances : ainsi depuis celle qu’elle a présenté autres classes, Nathalie a retravaillé, modifié au vu des remarques des élèves.
Vivre cette expérience de création d’un spectacle de conte est très enrichissant pour nous tous, bibliothécaires ! C’est une chance !

La suite … au prochain épisode… le 5 avril.

Séance du 6 mars à la bibliothèque George Sand

 Odile
 Juste de retour de vacances, les 6ème6 du collège des Hauts-Grillets font la connaissance de Coline qui leur explique ce qu’elle fait et le rôle qu’elle joue dans cette aventure. Armée de son carnet et de son crayon, Coline commence déjà à faire quelques croquis ! Les élèves l’oublient et sont tout à fait prêts à répondre aux questions de Nathalie et à donner leur avis sur les différentes versions du conte de Jean Sans Peur.

Après avoir évoqué les différents contes, Nathalie se concentre… L’histoire démarre et nous voilà tous embarqués dans la magie du conte. Lorsque les masques s’animent et deviennent personnages, les yeux s’écarquillent et quelques rires fusent. C’était bien ! On applaudit ! Mais il nous faut retourner dans la réalité et retrouver notre habit de critique. 

Nous avons tous hâte de découvrir la deuxième partie du spectacle. Mais pour l’instant il faut repartir en classe, reprendre nos tâches de bibliothécaire, ranger le carnet de croquis et le crayon. Seule Nathalie continue à travailler, pour notre plus grand plaisir !
Merci.
                

                                                                        

Croquis de Coline réalisé lors de la séance

Mardi 6 mars : rencontre avec la 6ème 6.

Nathalie

Ce matin, j’ai présenté la première partie de « Jean-Sans-Peur » pour la quatrième fois. J’ai changé pas mal de choses depuis la première rencontre ; il a fallu que je fasse des choix et que j’élague. Cela n’a pas été facile. Un petit retour en arrière s’impose.


Lundi 27 février, j’ai présenté l’état de mon travail à Claire Heggen. Son regard, ses questions, ses remarques ont mis en évidence les failles et les incohérences du travail en cours. Nous avons alors réfléchi aux solutions possibles et tourné les problèmes sous différents angles. Pas de recette miracle : il faut continuer à chercher et à essayer, mais Claire Heggen m’a ouvert les portes des chemins possibles. À moi de travailler pour pouvoir les emprunter ou non.
Jeudi 1er mars, lors de la répétition à la bibliothèque multimédia, j’ai donc retravaillé la scène des pendus. J’ai pataugé, essayé, essayé encore… Fait une pause, regardé les photos prises par Coline et constaté : « Non, c’est pas ça ! »
Alors j’ai tenté autre chose. J’ai cru avoir trouvé. Et puis après le déjeuner, lorsque nous avons repris, le bilan était clair : « C’est pas encore ça… »
À la fin de la journée, je ne savais plus rien. J’étais perdue. J’avais le moral dans les chaussettes.

                                                   

J’ai laissé reposer pendant le week-end, et ce matin, j’ai présenté à la 6ème 6 le résultat de ces cogitations. Il m’a fallu ce temps pour accepter de me séparer de certaines trouvailles auxquelles je tenais mais qui n’étaient pas nécessaires pour la cohérence et la fluidité du conte.

Le travail de création est aussi fait de deuils qu’il faut accepter pour avancer.

Croquis de Coline réalisé lors la rencontre avec les 6°6

Compte-rendu de lecture des élèves.

Nathalie

Afin de plonger les élèves dans « Jean-Sans-Peur », les enseignants leur ont lu en classe quatre versions du conte. Ainsi, ils ont pu se faire une idée des variantes possibles et des choix à faire lorsque l’on travaille sur un conte-type.

Voici quelques uns des commentaires des différentes classes :
À propos de la version d’Italo Calvino : « Jeannot qui n’a pas froid aux yeux« 
Version un peu molle et trop courte. Les choses vont trop vite.
Le héros a mauvais caractère, il manque d’étoffe.
Jeannot n’est pas un prénom pour quelqu’un qui n’a peur de rien.
Point fort : le géant en pièces détachées.
La fin n’a pas été très appréciée : il meurt à cause de son ombre.

À propos d’une des versions bourguignonne : « Guillaume-Sans-Peur »
Élément non apprécié : le fait que Guillaume tue son frère. La mère réagit bizarrement ; elle n’a pas de chagrin et protège Guillaume.
Présence des pendus et des démons appréciée ; cependant, les démons étaient un peu trop gentils.
Dommage que Guillaume ne parvienne pas à connaître la peur et à se marier.
À propos d’une version d’Henri Gougaud : « Jean-Sans-Peur »
Bonne idée pour le gâteau découpé et la peur donnée à Jean, mais cela aurait peut-être été mieux que Jean parvienne à avoir peur avec le diable plutôt qu’avec le roi.
Le diable n’est pas assez méchant, au contraire, il paraît peureux, ce qui est bizarre !
Bonhomme puzzle : très bonne idée.
Jean est rusé, il a pris le diable à son propre piège, mais celui-ci est un peu trop facile à berner.
 
À propos de la version des frères Grimm : « Celui qui s’en alla apprendre le tremblement »
C’est la version la plus développée et la plus amusante. Conte très apprécié.
Ce qui a beaucoup plu : le jeu de quilles avec les têtes de morts et les os ainsi que l’homme/diable qui tombe en morceaux de la cheminée et se reconstitue.
Ils ont aimé le fait que Jean joue (littéralement) avec la mort.
Par contre, fin décevante, un peu bizarre, mais c’est la plus comique de toutes les versions.

Jeudi : rencontre avec les classes de l’école élémentaire Passy.


Jeudi 16 février 2012

Coline

Aujourd’hui, Nathalie a présenté l’extrait de « Jean-Sans-Peur » devant deux classes de l’école élémentaire Passy. Elle a eu la journée de mercredi pour intégrer les remarques de la classe de 6ème : notamment d’instaurer un nouveau début au conte. Je l’ai trouvé plus intéressant. Le personnage de Jean est devenu plus humain, plus incarné.
La gestuelle que Nathalie exécute avec les masques des pendus s’est affinée ; elle est devenue plus lisible, plus fluide. Je sentais que Nathalie s’amusait. Certains passages étaient encore hésitants, mais je constate une nette progression.
Je ressens beaucoup de plaisir à participer à l’étoffement d’un projet, de voir les débuts, de suivre les améliorations. C’est une aventure, un chemin de conte ! Chaque pas en avant procure une satisfaction. 

Le bout du chemin, le résultat, est important, mais c’est la progression qui est la plus enrichissante. Et de voir un projet s’affiner est un véritable plaisir.

Laurie, bibliothécaire à la bibliothèque multimédia de Saint-Germain-en-Laye

Je m’assois et attends le début du conte avec autant d’impatience que les enfants de la classe de CM2 de l’école Passy que j’accompagne. Mes yeux d’enfant sont au rendez-vous. Mais je me rends vite compte que je n’en ai pas besoin. Mes yeux d’adulte suffisent. L’imagination et la créativité de Nathalie font le reste.
Je m’extasie devant la mise en scène, j’écoute l’harmonie de cette voix qui nous emmène autre part, dans un autre monde. Je plonge dans l’histoire admirablement remaniée par l’artiste.

Un moment rare nous est offert.

Grâce à Nathalie, je découvre ce qu’est le métier de conteuse et je découvre les joies d’être spectatrice et actrice d’un spectacle hors du commun.

Chacun peut s’exprimer, donner son avis, positif ou négatif, et le dialogue reste très ouvert. Chacun peut sentir qu’il a un rôle dans le processus de création et c’est une chance que l’on saisit avec joie. Je suis ravie de faire partie de cette aventure et j’en remercie Nathalie.

Vivement la deuxième partie ! !

Jean, selon les élèves de CM1-CM2 de l’école Passy.
Cliquez sur l’image pour l’agrandir.

Mardi : rencontre avec la 6ème 3 du collège des Hauts-Grillets.

Mardi 14 février 2012
Nathalie
8h40 : bibliothèque annexe George Sand.
Avec Élodie, la bibliothécaire qui suit la classe de 6°3 du collège des Hauts Grillets, nous sommes sur le pied de guerre. Il faut qu’on déménage et qu’on aménage la salle avant que les élèves n’arrivent : enlever les bacs à albums, la table, puis installer les coussins, les poufs et les chaises pour que tout le monde puisse voir.
9h20 : la classe est là, l’appréhension aussi. J’ai déjà rencontré la classe il y a un mois. Les élèves savent pourquoi ils sont là : aujourd’hui, je leur livre le passage d’un conte en plein chantier, un brouillon, une esquisse. Ce n’est pas facile, mais c’est la règle du jeu que j’ai moi-même fixé.
Pour que le conte de « Jean-Sans-Peur » puisse enfin aboutir (j’y travaille depuis deux ans), j’ai senti que j’avais besoin du regard et des retours d’un public actif et bienveillant. Grâce au soutien de la bibliothèque multimédia de Saint-Germain-en-Laye, je vais pouvoir présenter des extraits du futur spectacle, « Gens-Sans-Peurs », à trois classes de 6ème et trois classes d’élémentaires.
Le 10 mai, ils seront tous réunis afin de voir le spectacle en son entier.
En attendant, aujourd’hui, la 6°3 est la première à qui je présente mon conte en chantier.
Ils écoutent. Ils regardent. Ils s’exclament.
Puis, nous échangeons sur ce que je viens de leur donner à voir et à écouter. La discussion commence, d’autant qu’en classe, ils ont vu quatre versions différentes du conte de « Jean-Sans-Peur », afin de pouvoir s’approprier aussi l’histoire.
Ce qu’ils ont dit ? Ce qu’ils ont ressenti ? … Peut-être l’écriront-ils eux-mêmes ; après tout, l’idée de ce blog est née de ces rencontres.
À suivre !

Élodie
Nathalie lève aujourd’hui le voile sur la scène des pendus. Tension et instant magique, car c’est une première : première fois que le conte se révèle au public dans sa nature encore « imparfaite », première confrontation avec les élèves de 6° 3.
Nathalie nous demande d’avoir un œil critique sur son travail. Sans complexe, un échange se met en place… Nous participons activement au cheminement de la pensée, à la construction du conte. Je prends alors la pleine mesure du travail effectué et qui reste encore à faire. Mais la base est là, fondations solides, et le charme opère…
Un conte est vivant, il a une mémoire et un devenir. En nous impliquant dans l’aventure, Nathalie nous fait ici un beau cadeau.
Aujourd’hui encore, je me sens imprégnée de « Jean-Sans-Peur » et des étapes de fabrication de ce conte qui nous appartient désormais un petit peu.

Croquis de Coline durant la séance.
Cliquez sur l’image pour l’agrandir.


Coline
Ce mardi, Nathalie présente sa première esquisse de spectacle devant une classe de 6°. Moi qui l’ai vue répéter depuis quelque temps, je sais qu’aujourd’hui, malgré son trac, elle sera capable de les emmener dans son histoire.
Pendant cette séance, je la photographie et fais des croquis. J’aurais du mal à décrire exactement mon ressenti.
Quand je dessine et photographie, je suis à la fois présente et absente. Je perçois les ambiance, j’entends ce qui est dit, je vois d’une manière différente. Je suis attentive à ce qui se passe, saisis des moments, en même temps je suis très concentrée sur mon dessin. Je ne pense plus.
Photographier, dessiner, et en même temps suivre le spectacle est une véritable gymnastique.
Au final, je dirais que cette représentation s’est bien passée. La classe s’est montrée attentive, intéressée, et certains ont fait des remarques très pertinentes qui donnent à réfléchir. C’était un moment intéressant et enrichissant pour tout le monde.