La marmite des soeurs Bondoux

Depuis le mois de janvier, Anne-Laure rencontre régulièrement une classe de 5° du collège Jean Lurçat de St Denis. En s’appuyant sur le roman qu’elle est en train d’achever, Anne-Laure a choisi d’aborder avec les élèves la notion de « marmite ». La « marmite » étant tout ce qui nourrit l’oeuvre de l’artiste, consciemment ou non, et notamment son enfance.
Pour rendre concrète cette « marmite », que tout le monde possède en lui-même, Anne-Laure a donné à chaque élève un carnet où ils pourront noter, dessiner, coller… tous les éléments susceptibles de nourrir leur « marmite ».
C’est dans ce cadre qu’Anne-Laure m’a proposé de rencontrer la classe : notre fond de « marmite » étant commun et nos métiers pas si éloignés.
Nous nous retrouvons donc ce mardi 18 mars à la médiathèque Aladin, chaleureusement accueilli par Karim. Après les présentations d’usages et le pourquoi de ma présence parmi eux, j’ai conté deux histoires issus de notre enfance et de mon répertoire : « Le diable aux trois cheveux d’or« , des frères Grimm et « Pieds d’or« , un conte de Gascogne.
Cette rencontre a été l’occasion pour moi de conter la plus ancienne histoire de mon répertoire et la plus récente, elle que j’ai lissé, année après année et l’esquisse en cours. Et toutes deux raconte les péripéties d’un garçon de 14 ans…
« Pieds d’or » est donc sorti de sa forge pour la première fois en public. Pas en entier car « il » est encore timide et puis les images du début ne sont pas encore suffisamment claires, mais ce n’est pas grave, les élèves l’ont bien accueilli et la curiosité pour la suite du conte était là. Alors, merci !

le 25 janvier à la Maison des Solidarités

Ce samedi après-midi, nous avions tous rendez-vous à la Maison des Solidarités pour le final du projet des « Itinéraires Partagés ».
Ayméric projetait un film réalisé avec les habitants dans la cabane construite lors des ateliers.
Andréas exposait les photos des uns et des autres et un petit livret était à disposition pour ceux et celles qui souhaitaient emporter un petit souvenir.
 
Quant à Olivia et moi, nous avons ponctué l’après-midi par des interventions, entre voyages odysséens et itinéraires personnels, mêlant lectures, jeu et conte.

Certains ont même tenté l’aventure de la lecture à voix haute des textes mis en bouteille : extraits de l’Odyssée et récits d’habitants. 
La journée c’est finie au grenier, dans la « cambuse » du Cyclope. Au menu : soupe et anis gras…

Le parcours d’Ulysse à Anis Gras

Séance du 15 décembre à Anis gras

Je suis là pour un atelier-jeu. Dans une salle un peu fraîche, un peu cérémonieuse, autour d’une table un peu grande avec une nappe de velours lie de vin, des bougies.

Le temps est élastique avant que ça ne commence, on ouvre les portes de l’atelier et puis ça ne s’arrête plus, les enfants débarquent un peu trop nombreux pour le jeu, d’âges assez variés, fin de journée, très énervés. Un jeune garçon a pris place 12, 13 ans maximum, avec sa petite soeur, à part du groupe de filles très énervées.

Il est très calme, attentif, intéressé. Au milieu de la partie, sa mère débarque en furie, il avait disparu, ne lui avait pas dit qu’il partait jouer. Elle est rentrée chez elle pour le chercher. Elle est bouleversée, il lui faudra du temps pour chasser la peur. La petite famille finira par rentrer chez elle avant la fin du jeu : trop d’émotions.

Clément, 6 ans est venu jouer avec sa maman, il est incollable sur le cyclope, Circé, Hadès et puis aussi Julien s’y connaît bien, à eux deux ils racontent, se coupant la parole pour être le premier : leur vision de l’Odyssée fuse. Ils ont 6 et 9 ans, passionnés de mythologie.

Le jeu va vite, les anecdotes aussi, on ne voit pas le temps passer, pourtant il fait déjà nuit. Dix ans ?… Le retour d’Ulysse a duré dix ans, il en a perdu des compagnons. Il en a vécu des drames. Il en a eu des émotions.

C’est une des jeunes filles qui l’emporte, mais elle ne se rappelle plus rien, elle a du faire escale au pays des Lotophages et en manger des fleurs de lotus.

Le temps nous a rattrapé, il fait nuit dehors, tous les autres sont partis, il nous faut nous arrêter.

Olivia


Voyage de la Maison des Solidarités à Anis Gras

Séance du 12 décembre
Les sirènes, entre Charybde et Scylla, nous finirons chez Calypso où rien ne manquera, d’où nous aurons du mal à partir.
A la Maison des Solidarités, Stéphanie m’accueille, avec un grand sourire, je me présente, boisson chaude de rigueur avant le départ à l’aventure par ce froid glaçant. C’est l’heure de l’accueil « d’A tous savoirs ». Philippe en fait partie. Il va nous guider pour ce voyage à travers les rues de la ville.
Avant de larguer les amarres on vérifie que tout l’équipage est prêt.
Christiane ne viendra pas, occupée par les contrats de l’AMAP, Christian ne semble pas pointer sa voile.
Nous partons avec notre frêle escadre contre vents et marées avec pour cap Anis Gras, mais les histoires de notre guide du jour nous attirent du côté de la rue des Italiens qui s’appelle aujourd’hui la rue Voltaire, chargée de souvenirs pour notre guide, elle a conservé une forme atypique, des recoins très humains, évidemment ça nous fait faire un détour, mais qui résisterait à la voix mélodieuse des sirènes? A moins d’être pieds et poings liés au mât !
Le groupe se scinde, c’est plus prudent pour accueillir Colette au lieu dit de rendez-vous.
Et puis les curiosités d’Arcueil jaillissent en pleine nuit comme des rochers saillants, un Grec, la fabrique de cartes Yvons, les photos du vieil Arcueil autour de la gare, elle était toute orange avant… Une plaque au coin de la rue, pour finir devant l’hôtel particulier d’Emile Raspail, fondateur de la distillerie Anis gras, bâtiments élevés par l’architecte Ulysse Gravigny (Ulysse?). Sur son hôtel particulier, une enseigne, apologie du voyage : « In patria carcer laurus in exilio ».
Dans le foyer de l’ancienne fabrique, aujourd’hui friche artistique, Colette, Marie-Olga et une petite collation nous attendent, Séverine accoste de temps en temps manger un gâteau, dire un mot.
Outre quelques blagues de potache sur le parcours d’Ulysse, on devise de la séance jeux de dimanche, Colette présente son livre.
Je sors le jeu, explique les règles, on fait une partie pour rire, l’occasion de lire le cv d’Ulysse et la scène des Lestrygons écrits par Jean-Paul Honoré, le poète avec qui nous travaillons.
Difficile de reprendre la route dans le froid, là on est bien, on discute, au chaud, de sujets qui nous rassemblent tout en mangeant et en buvant… Pourquoi repartir ?
Olivia

Accueil au grenier de la Maison des Solidarité

5 décembre

Pour préparer l’atelier qui aura lieu de 18 h 30 à 20 h, je suis allée me promener dans le parc aux grenouilles, en bas de chez moi. Là, j’ai été accueilli par le crépitement des feuilles qui tombaient, par la lumière du soleil sur l’étang, par le cris de mouettes et des corbeaux.

Accueillir, c’est aussi être à l’écoute, se mettre à la dispositions des personnes et des lieux… Ne rien faire. Etre là… 
Quand on se balade dans un parc, être présente à ce qui se passe et accueillir le souffle du vent ou le joggeur qui passe, ce n’est pas encore trop difficile. Etre dans le même état pour un atelier, ce n’est pas si simple…

Je suis arrivée en avance afin de m’installer dans le grenier, m’y sentir bien : eau chaude, thé, tisane, petits gâteaux, chocolats, des chaises en cercle autour d’une petite table, quelques tissus. Les premiers habitants arrivent : Charles, Colette, Sylvie puis Kinanda un peu plus tard.
Nous serons 5 autour de la petite table. 5 personnalités. 5 parcours. 5 manière d’être, de dire, de questionner, de se révéler. La parole a été offerte, elle a été accueillie.

Personne…

Samedi 31 novembre

Première séance à Arcueil pour Olivia un jour de grand froid, on sait qu'il n'y a pas d'inscrits à l'atelier, mais c'est un samedi après midi, peut-être que l'horaire nous sera favorable. Qui sait?
J'arrive à l'avance pour préparer le terrain, m'installer, rendre la maison familière pour moi, différente pour les autres, tenter de lui donner un goût de voyage.
Je sonne, personne...
J'attends, j'appelle...
Et puis Hélène arrive, en avance aussi, m'explique : c'est le jour de la Collecte de l'Epicerie Solidaire.
La Maison n'est pas vide, on nous ouvre, l'atmosphère est studieuse, très concentrée sur le décompte, l'emballage des denrées.
J'installe tissus, balles, sons, objets de la cave au grenier, la bouteille avec l'effigie de Sirène.


C'est le jour parfait pour préparer un accueil dans toutes les pièces de la maison !
Les quelques personnes occupées à l'épicerie sont silencieuses, on entend juste le maniement des emballages et des comptes à haute voix sur un fond de chants de marin, comme un appel du large venant du grenier.
Hélène aussi doit partir aider au Monoprix...
Alors commence l'attente...
Le temps passe, personne n'arrive, personne ne frappe ... personne... Personne... PERSONNE...
Sous le signe du Cyclope, je remplis quelques pages du carnet d'itinéraires, et je photographie le coin Odyssée, de l'étagère itinéraires partagés. Ce sera la dernière apparition de la bouteille sirène, retournée depuis au fond des océans, avec ses camarades ou emportée par un doux rêveur, qui avait soufflé son doux chant ?
 

Commentaires après la journée du 4 décembre

L’équipe de la ludothèque est ravie de cette mise en bouche, le parallèle entre jeu de plateau et jeu de scène est excellent, la complicité des jeunes adultes et ados en est une preuve flagrante. 
La richesse des échanges ; les connaissances de chacun, votre plaisir à nous transporter nous promet des lendemains qui chantent, oups des lendemains qui jouent.
Catherine et Christel
– « C’était cool !  » Paul
– « Ca se voyait qu’elles (Olivia et Nathalie) aimaient ce qu’elles faisaient. Elles étaient très souriantes et spontanées » Yoann
–  » L’impro, c’est dur ! » Sonia
– « C’était bien qu’elles nous mettent dans leur jeu de l’oie, c’est nous qui bougions les pions (la vigie) « Paul et Yoann
– « On reconnaissait toujours les personnages dans les improvisations »
–  » La scène du navire était très bien faite (départ de Troie), avec les voiles, les mimiques » Tous
–  » j’ai beaucoup aimé l’exercice des statues  » Léa
–  » L’exercice des poissons était un peu compliqué, difficile de se coordonner mais intéressant à faire.  » Yoann
Les élèves du lycéens Montaleau, propos recueillis par Corinne debeaux

Première navigation à Sucy-en-Brie

Mercredi 4 décembre, nous avons passé toute la journée à la médiathèque de Sucy-en-Brie, accueillies par Gisèle, Catherine et Christel.
Nous avons commencé la navigation avec les élèves de l’atelier théâtre du lycée Montaleau. En compagnie de leur professeur, Aurélie Cadiou, nous leur avons parlé du projet et de notre manière d’aborder l’Odyssée, eux-même travaillant cette année sur des textes contemporains de l’Odyssée.
Ensuite, nous avons jeté les élèves à l’eau entre bancs de poissons, statues et improvisations à partir du jeu.
L’après-midi, c’est Olivia et moi qui nous sommes jetées à l’eau en compagnie de 4 élèves qui avaient accepté de jouer pour nous la vigie et trois joueurs. Face au public de la bibliothèque et d’un centre de loisirs nous avons pu expérimenter pour la première fois nos va et vient entre jeu de plateau et plateau de jeu.
Le jeu du destin nous a amené sur l’île des Lotophages, lancé en pleine mer, envoyé chez Eole puis chez Circé. Un petit tour parmi les sirènes et un crochet sur Carybde avant d’échouer chez les Phéaciens et d’arriver enfin à Ithaque.
Après ce voyage, le public était prêt à repartir si bien que le cyclope est venu se présenter en guise de bonus.

Au conservatoire de Clamart

Vendredi midi, nous avons invité l’équipe du conservatoire de Clamart, qui nous a accueilli pendant toutes ces semaines, dans notre laboratoire de recherches.
Au programme, quelques extraits glanés ici et là : deux scènes de marins, la proposition corporelle du cyclope et le duo Calypso/Ulysse.
Dès le matin nous nous sommes attelées à ce duo, ce corps à corps entre le texte et le geste. Ce que dit Calypso et ce que tait Ulysse.
Un travail d’écoute.

Se laisser porter par le texte et par sa partenaire.

Et puis, nous nous sommes jetées à l’eau : pour la première fois nous avons présenté notre travail en cours.
Nous nous sommes senties fragiles mais les regards bienveillants nous ont soutenu et les retours encouragés.

La prochaine étape se déroulera à Sucy-en-Brie, à la médiathèque où nous présenteront un extrait du spectacle « Le parcours d’Ulysse ou le jeu du destin ». Pour ceux et celles qui le souhaitent : rendez-vous à 14h30, rue Maurice Berteaux, l’entrée est libre.


L’Odyssée à Arcueil

En ce jeudi froid et pluvieux de novembre, je me glisse dans la Maison des Solidarités : ouf, un peu de chaleur… Bonjour… Bonjour…

Et puis je grimpe jusqu’au grenier où Andreas termine son atelier Ping-Pong… Bonjour… Au revoir…

J’installe l’espace pour la séance de rêverie autour de l’accueil, notre fil rouge. Tapis arc-en-ciel au sol et un peu plus loin un cercle de chaises, sans oublier notre « totem », la bouteille sirène.

Une fois que tout le monde est arrivé, je propose une petite séance de détente, sas de décompression nécessaire. On s’étire, on baille, quelques massages du visages et des épaules avant de s’allonger et de s’abandonner dans les bras du vent, du sable et de la mer.
Retour au grenier et partages des expériences après cette plongée dans l’imaginaire. 
Puis, on replonge mais cette fois-ci je propose de laisser remonter les sensations, les souvenirs de moments où l’on a été accueilli.
Silence. 
Les yeux se ferment. 
Les corps de détendent de nouveau. 
Après cette plongée dans les souvenirs, le silence reste maître des lieux. Chacun reste dans sa bulle et puis, doucement, les langues se délient et la parole naît…