L’Odyssée à Paris…

Les traces du voyage d’Ulysse sont autour de nous, il suffit de rêver un peu en se baladant à Paris, aux Buttes Chaumont par exemple ; la grotte de Polyphème est là avec son puits de lumière et ses stalactites, il ne manque que les fromages suspendus, les brebis… et son cyclope…

 
  

 « Nous eûmes vite atteint l’endroit où, sur le premier cap et dominant la mer, s’offrait à nos regards une haute caverne, ombragée de lauriers. Elle servait d’étable à de nombreux troupeaux de brebis et de chèvres […]. C’est là que notre monstre humain avait son gîte […]. Ah ! Le monstre étonnant ! Il n’avait rien d’un bon mangeur de pain, d’un homme : on aurait dit plutôt quelque pic forestier qu’on voit se détacher sur le sommet des monts. »
L’Odyssée, p. 168, Traduction de Jean Bérard 


« Rapidement, nous arrivons à la caverne : il n’était pas chez lui. Nous entrons dans la grotte. […] Nous restons. Nous faisons du feu, un sacrifice, et, nous étant servis, nous restons à l’attendre.
Le voici qui revient, ramenant son troupeau. Puis il ferme l’entrée avec un gros rocher qu’il lève et met debout : même avec vingt-deux hauts fardiers à quatre roues, on n’eût pas fait bouger cette pierre du sol. […]

Sur mes compagnons s’élançant, mains ouvertes, il en prend deux ensemble et, comme petits chiens, il les rompt contre terre : leurs cervelles, coulant sur le sol, l’arrosaient ; puis, membre à membre, ayant déchiqueté leurs corps, il en fait son souper. […] Nous autre, en pleurant, tendions les mains vers Zeus !… Voir cette oeuvre d’horreur !… Se sentir désarmé !… »
                                                                              
  L’Odyssée, p. 169-171, Traduction de Jean Bérard 

Le parcours d’Ulysse : on creuse

En janvier et février 2015, le Parcours d’Ulysse sera accueilli au conservatoire de Clamart (92) et au centre culturel de Breteuil (60). Nous avons souhaité profiter de l’été et du partage d’espaces de travail et de répétition mis en place par le réseau RAVIV pour creuser un peu plus l’aspect visuel de certaines scènes du spectacle.                       
La semaine au Théâtre le Colombier, à Bagnolet a été intense et riche, Benoît Prisset est venu nous rejoindre sur une matinée pour constater l’évolution du spectacle et les prolongations musicales à imaginer.
Les scènes se sont étoffées au fur et à mesure des jours de travail : Aux enfers, Tirésias a pris corps et voix avant de céder la place à Achille.



Entre ombre et lumière, le cyclope apparaît par bouts, gigantesque et parfois effrayant. Cette scène est devenue un dialogue entre le conte et les ombres.
Les compagnons d’Ulysse, Politès et Euryloque affirment leur présence et leur personnalité tandis que la conteuse navigue sur le plateau entre rêve et réalité, terre et mer.

Et puis je ne résiste pas à un petit bonus : l’oeil du cyclope, vu de face et …


de profil… ça, vous ne le verrez pas pendant le spectacle !

A la recherche de la forge de « Pieds d’or »

Pour continuer mon exploration du conte de « Pieds-d’or », j’ai eu envie d’aller voir de plus près une forge. Il me fallait trouver une forge digne du conte avec enclumes, soufflets, outils…  Et forgeron bien sûr !
Une photo que j’avais trouvé en naviguant sur internet m’avait interpellé, si bien que j’ai décidé d’aller faire un tour au château de Guédelon.

Reportage photo de la visite :

Le château


 La forge, vue de l’extérieur et de l’intérieur :


« Le forgeron de Pont-de-Pîle vivait seul dans sa maison, où les pratiques avaient ordre de n’entrer jamais, et d’appeler le maître dehors, quand elles avaient affaire à lui. Le forgeron était sans pareil pour travailler le fer, aussi bien l’or que l’argent. L’ouvrage tombait chez lui comme grêle. »
Extrait de « Pieds-d’or » de J-F Bladé, tiré du recueil des « Contes de Gascogne »

« Le forgeron donnait ordre à tout, sans autre aide qu’un loup noir, grand comme un cheval. Nuit et jours ce loup vivait enfermé dans la roue qui faisait marcher le soufflet de forge. »

 Extrait de « Pieds-d’or » de J-F Bladé, tiré du recueil des « Contes de Gascogne »
« Sept jeunes gens s’étaient présentés au maître, pour apprendre le métier. Mais les épreuves étaient si fortes, si fortes, qu’ils en étaient morts dans les trois jours. […]
Le lendemain, à la pointe du jour, le garçon était devant la boutique du Forgeron de Pont-de-Pîle. […]
« – Garçon, prouve-moi que tu es fort. »
Le garçon prit une enclume de sept quintaux, et la jeta dehors, à plus de cent toises. »
Extrait de « Pieds-d’or » de J-F Bladé, tiré du recueil des « Contes de Gascogne »

En parallèle de l’Odyssée…

Cela faisait longtemps que je souhaitais m’atteler à un conte que mes parents me lisaient quand j’étais enfant : « Pieds d’or ». Pendant des années, j’ai tourné autour, le lisant, le relisant. Mais rien à faire, ça bloquait dès le début. Je l’avais donc remis dans ma bibliothèque.
Jusqu’au jour où, ma soeur, Anne-Laure, m’a parlé de l’intrigue du roman qu’elle était en train d’écrire ; certains mots sont venus réveiller mon envie de conter « Pieds d’or ». Alors je me suis remise à l’ouvrage et depuis le mois de décembre, je suis en germination.
Grâce aux oreilles attentives du grand maître de la parole qu’est Michel Hindenoch et à ses conseils avisés, j’ai installé mon atelier de rêveuse en Gascogne non loin d’une forge, d’un forgeron et de son apprenti.
Je me nourris doucement, au détour d’un livre, d’un site, d’un documentaire, d’une balade, d’une séance de relaxation… Et puis mardi, je l’amènerai avec moi à Saint Denis, à la médiathèque Aladin pour une rencontre un peu particulière…
La forge du château de Guédelon

Travail intensif

La première escale a eu lieu à l’Espace Gérard Philipe, à Sucy-en-Brie. Après une forte tempête qui nous a ébranlé le premier jour, notre escadre a pu prendre possession des lieux et rencontrer le maître des sons et lumières, Francis. 
Le voyage prend une direction résolument plus spectaculaire ; le jeu sera théâtral. Un prologue, sorte de bain mythologique, a commencé à naître. Des décisions ont été prise concernant les épisodes du parcours d’Ulysse que nous aborderons et ceux que nous ferons dans une autre version. Emmanuelle a créé les premières marionnettes-peau et nous avons retrouvé avec plaisir nos marins et les autres protagonistes de notre odyssée.
Pour notre deuxième escale, nous avons largué les amarres à l’Espace Comme Vous Emoi, à Montreuil. Là-bas, nous pouvons continuer à bâtir notre noir vaisseau deux semaines durant.
A suivre…

L’Odyssée se structure…

Ca y est, après avoir déstructuré l’Odyssée avec le jeu de plateau, le spectacle se structure autour du jeu, sur le plateau.

Certaines scènes naissent de nos improvisations, sortes de « haïkus gestuels » : l’essence d’un passage célèbre par le geste et le mot. Circé et les Sirènes, mais aussi le Cyclope en prennent le chemin.
D’autres passages se mettent en place grâce aux textes que Jean-Paul Honoré a écrit en nous regardant improviser. Il en est ainsi de Calypso, si peu évoquée dans l’Odyssée et qui pourtant a gardé Ulysse 8 ans à ses côtés…
Il y a des personnages qui apparaissent : des marins joueurs, conteurs, tricheurs… Et toujours les jets de dés pour avancer dans l’Odyssée, les invocations aux dieux de l’Olympe pour faire face aux épreuves et la mer comme compagne.

Petit clin d’oeil…

L’Odyssée est autour de nous, dans notre quotidien, sous des formes variés à nous de les voir…

Eole, dieu des vents à Nice
Ulysse en escale à Guyancourt

Le puzzle se met en place

 
Nous continuons à explorer l’Odyssée en nous appuyant sur le jeu plateau.
Lors de notre dernière rencontre, Jean Paul Honoré nous a apporté ses premiers textes
Avec Olivia et Emmanuelle, nous nous en sommes emparés afin de nourrir nos improvisations et de structurer notre jeu.

Les temps de réflexions après chaque partie nous permettent de sélectionner ce que nous souhaitons garder, continuer à approfondir et ce qu’il ne sera pas utile de conserver.

Parties après parties, le puzzle se met en place.

Le laboratoire de recherche continue

Cette semaine nous avons bouillonné dans tous les sens en compagnie de Jean-Paul Honoré le poète qui a accepté de jouer le jeu avec nous.

Lors de nos improvisations, des images naissent, que l’on note dans un coin de notre tête, de notre corps ou que Jean-Paul couche sur le papier.
 
Parfois le jeu semble ne mener à rien… Et pourtant…
Une ambiance, un bruit, un regard, une posture et Ulysse prend corps ou un de ses compagnons, ou encore sa mère, âme errante dans les enfers.

                                                               



« Les erreurs sont les portes de la découvertes. »
James Joyces
Essais après essais, les portes de notre imaginaire s’ouvrent.

Au fur et à mesure de la maîtrise des contraintes et des règles du jeu que nous nous sommes fixés, nous gagnons en liberté : notre Odyssée prend vie peu à peu.

Du plateau de jeu au jeu sur le plateau

Nous continuons nos allers-retours entre le jeu de plateau et des improvisations sur le plateau de jeu.
« – On joue ? »
« – On joue ! »

Invocation à Zeus : sera-t-il à nos côtés pour ce voyage ? Les cauris sont jetés. Ils sont tombés sur la même face : Zeus manifeste sa volonté, il est d’accord. Nous pouvons commencer. 
Les dés roulent, un navire s’élance et… s’arrête en pleine mer : lecture au hasard. Ulysse aux enfers, face à sa mère. Moment fort.

Le jeu reprend, les dés roulent de nouveau : 14. Un de nos navires tombent chez les Lotophages. Contrainte : « Ennui ». Tirage du nombre de joueuses : « A deux ».
On se déplace vers le plateau de jeu…
Comment jouer l’ennui ?… On essai… On fait, défait… Bon…

« – On joue ? »
« – On joue ! »
Retour au jeu de plateau. Les dés sont lancés.
Et nous alternons lectures, impros au plateau, seule, à deux, au hasard des jets de dés et des contraintes.
 
 

« – On joue ? »
« – On joue ! »